Les fractures dentaires sont fréquentes chez le chien et le chat. Elles sont généralement dues à des traumatismes (bagarre avec un autre animal, choc accidentel…) ou à la mastication d’objets inappropriés (par exemple des pierres). Dans d’autres cas, les dents subissent une abrasion au fil du temps, ce qui les fragilise et facilite leur fracture accidentelle.
Il est nécessaire de classer les fractures dentaires en fonction de la profondeur de la fracture, car ce critère conditionne le choix du traitement. En effet, la dent est constituée de plusieurs couches : l’émail à l’extérieur, puis la dentine, puis la pulpe, qui est la partie interne de la dent, qui contient les nerfs et les vaisseaux sanguins.
On parle de fracture superficielle lorsque seuls l’émail et la dentine sont touchés. Par contre, on parle de fracture compliquée lorsque la pulpe est également atteinte. Les fractures compliquées sont douloureuses, saignent souvent et s’infectent très facilement.
Les dents fracturées sont sensibles. En conséquence, les animaux atteints peuvent saliver, refuser le contact, laisser tomber les aliments ou ne mastiquer que d’un côté. Parfois, ils arrêtent même complètement de s’alimenter. D’autres patients encore ne manifestent pas de symptômes. Dans les cas chroniques, un abcès peut se développer à la base de la dent touchée, et être à l’origine d’impressionnants gonflements de la face.
L’examen sous anesthésie générale des dents atteintes est généralement nécessaire. En effet, les dents fracturées sont particulièrement sensibles, et peuvent rarement être convenablement sondées sur les animaux vigiles, à la fois pour la santé de l’animal et pour la sécurité du vétérinaire. Sous anesthésie, il est plus facile de vérifier si la fracture est superficielle ou compliquée, grâce à l’utilisation d’une sonde qui permet de chercher des zones d’exposition de la pulpe dentaire. Des radiographies dentaires peuvent également être indispensables pour juger de la vitalité dentaire, de l’intégrité de la racine dentaire et pour vérifier si l’os qui entoure la dent est intact ou atteint par l’infection.
Des examens pré-anesthésiques sont souvent indiqués de manière à vérifier que les organes vitaux (reins, cœur) du chien ou du chat sont fonctionnels et que l’anesthésie sera bien supportée.
Les fractures superficielles ne nécessitent pas de traitement lourd : le traitement consiste à aplanir les bords coupants de la fracture et à couler une résine ou une colle dans les interstices de la dentine. Cela suffit généralement à insensibiliser la dent, car la résine obture les pores de la dentine exposée.
Les fractures compliquées nécessitent un traitement plus intensif de la pulpe ou du canal dentaire. Pour les fractures dentaires datant de maximum 48h, on retire la partie superficielle et infectée de la pulpe, et on remplit la cavité ainsi créée avec un matériau d’obturation tel qu’une pâte antiseptique. Lorsque la fracture est plus ancienne, les bactéries ont eu le temps de remonter dans le canal dentaire et de causer une infection plus large des tissus sus-jacents. Il est alors nécessaire de dévitaliser la dent en retirant l’intégralité de la pulpe (vaisseaux et nerfs), et on peut placer une couronne pour protéger le reste de la dent.
Enfin, il peut être indiqué de retirer complètement les dents fracturées, de manière à éliminer la source d’infection et de douleur. La difficulté de cette procédure dépend de la dent atteinte. En particulier pour les canines (les crocs) et les carnassières (4e prémolaire en haut et 1e molaire en bas), il peut être nécessaire de retirer non seulement la dent, mais également une partie de l’os qui les soutient.
Le pronostic des fractures dentaires est bon après le traitement, mais le traitement des dents fracturées peut connaître des complications. C’est pourquoi, des rendez-vous de suivi après le traitement sont souvent recommandés.