Le cycle de la chienne est constitué de 4 phases : le proestrus, l’oestrus, le dioestrus et l’anoestrus.
Le proestrus et l’oestrus sont appelés « chaleurs ».
Pendant le proestrus, la femelle attire les mâles mais ne se laisse pas saillir. Des pertes sanguinolentes peuvent être observées, et la vulve apparaît légèrement gonflée. Cette phase dure 3 à 21 jours, avec une moyenne de 9 jours, et correspond à la phase de production des oestrogènes par le follicule ovarien.
La phase suivante, l’oestrus, est caractérisée par l’acceptation du mâle. Les écoulements vaginaux diminuent, la vulve apparaît très gonflée et flasque. Cette phase dure 3 à 21 jours, avec une moyenne de 9 jours, et correspond à la phase d’ovulation. L’ovulation est déclenchée par un pic de LH, une hormone produite par une glande située dans le cerveau et appelée l’hypophyse. L’ovulation d’ovocytes primaires, qui sont immatures et non fertiles, survient lors de ce pic. Ils mûrissent et deviennent fertiles (ovocytes secondaires) pendant les 1 à 3 jours suivants, puis survivent 2 à 3 jours de plus. C’est pourquoi, la période fertile s’étend du 3e au 7e jour après le pic de LH. Par ailleurs, un pic de progestérone survient en même temps que le pic de LH : c’est pourquoi, on peut détecter l’ovulation en mesurant le taux de progestérone sanguin.
A la fin de l’oestrus, la chienne entre en dioestrus (aussi appelé métoestrus). Elle devient réfractaire à la saillie, et cesse d’attirer les mâles. Les écoulements vaginaux deviennent mucoïdes, leur quantité diminue, et la vulve redevient progressivement normale. Cette phase dure 2 mois : si la chienne a été fécondée, c’est la gestation ; sinon, c’est la phase de pseudo-gestation, qui peut conduire à des manifestations qui miment celles de la gestation : montée de lait, prise de poids, fabrication d’un « nid »…
Enfin, à la suite du dioestrus, la chienne entre en anoestrus, qui est la phase de repos de la fonction de reproduction. C’est la phase de reconstruction de l’utérus suite à la gestation ou à la pseudogestation.
L’intervalle entre deux chaleurs consiste en l’association du dioestrus et de l’anoestrus, et dure 4,5 à 10 mois (7 mois en moyenne).
Le moment de l’ovulation peut être repéré grâce à une succession de frottis vaginaux, associés idéalement à des dosages du taux de progestérone sanguin. Des dosages de LH peuvent être indiqués dans certains cas (insémination artificielle, infertilité…).
Les frottis vaginaux doivent être commencés quelques jours après le début du proestrus, et répétés tous les 2-3 jours. Lorsque plus de 70% des cellules visibles au frottis sont des cellules épithéliales, il faut mettre en œuvre des dosages de progestérone. Ceux-ci sont répétés toutes les 48 heures, de manière à détecter le jour du pic initial de progestérone (entre 2 et 3 ng/mL), qui correspond au jour du pic de LH et de l’ovulation. Ce jour est alors appelé « Jour 0 ». La fertilité maximale de la chienne est obtenue 2 à 7 jours après cette date.
Minimiser les risques inhérents à la reproduction d’une chienne revient à anticiper les problèmes, ce qui nécessite une bonne connaissance du cycle œstral, des manifestations de la gestation et de la mise-bas ainsi que de leurs principales anomalies. Cela passe également par la prévision des troubles de la mise-bas, qui doit faire l’objet d’une concertation entre l’équipe vétérinaire soignante et les propriétaires : s’il est prévisible qu’une césarienne doive être exécutée lors de la mise-bas, les chances de réussite seront meilleures si cette opération est programmée !
Les chiennes primipares (qui n’ont jamais été reproduites auparavant) doivent être examinées par un vétérinaire avant la reproduction, de manière à détecter tous les problèmes de santé qui pourraient interférer avec la gestation, la mise-bas ou la lactation, tels qu’une sténose vaginale ou des tétons invaginés.
Une recherche des plus courantes maladies génétiques de la chienne, en fonction de sa race, doit être mise en œuvre. En effet, ces maladies peuvent se retrouver dans la descendance.
Il est conseillé de procéder à un examen de dépistage pour la brucellose avant chaque reproduction.
Par contre, il n’est pas nécessaire de réaliser des cultures vaginales pour les chiennes en bonne santé, car la flore vaginale normale n’est pas dangereuse pour le mâle ni pour la conception.
L’insémination artificielle est une intervention par laquelle le sperme d’un chien est administré par voie intra-utérine à une chienne à l’aide d’une pipette. Elle est surtout utilisée lorsque le mâle vit loin (le sperme peut être congelé et envoyé par voie postale), lorsqu’il est âgé ou sans expérience, ou lorsque la femelle refuse la saillie pour des raisons comportementales (agressivité). La pipette d’insémination ne doit pas être contaminée par de l’eau, des désinfectants ou d’autres spermicides. La surélévation de l’arrière-train de la chienne après l’insémination n’est pas nécessaire, cela n’améliore pas les chances de fécondation.
Pour la plupart des chiens, la reproduction survient simplement : quelques jours après que l’on ait remarqué des écoulements vaginaux sanguinolents, on présente la femelle à un mâle, chaque chien étant en laisse. La femelle s’assied, se couche, ou grogne lorsque le mâle l’approche. On répète cette opération jusqu’à ce que la femelle accepte la saillie. On amène alors la femelle au mâle choisi pour la reproduction, et normalement, la saillie est immédiate, rapide, dure 10-30 minutes et a d’excellentes chances (près de 100%) d’être fécondante. Si cette approche simple ne fonctionne pas, ou si le propriétaire souhaite une gestion plus complète de la fonction de reproduction, les examens précédents pourront être mis en œuvre.
D’après Bruce E. Eilts et Autumn P. Davidson, in Ettinger’s Veterinary Textbook of Internal Medicine, 6th Ed.
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